Source : Philippe Henry, chercheur en socio-économie de la culture - août 2015
Aujourd'hui, une bonne dizaine de regroupements coopératifs, dont les membres développent d'abord des activités artistiques ou plus largement culturelles, se réfèrent à la dynamique des Pôles Territoriaux de Coopération Économique (PTCE).
Cette étude approfondit la connaissance et la compréhension de ces PTCE culture. Elle cherche tout particulièrement à évaluer, sur des cas concrets, la concordance entre les principes directeurs d'une démarche initiée par le Labo de l'Economie Sociale et Solidaire et les réalisations concrètes que l'on peut aujourd'hui observer.
Les Po?les territoriaux de coope?ration e?conomique culture se pre?sentent en France comme des regroupements a? vocation coope?rative d'organisations, souvent de tre?s petite taille, en premier lieu de producteurs et de distributeurs professionnels. Ceux-ci s'agre?gent d'abord a? partir d'une filie?re centrale d'activite? artistique ou culturelle, me?me si une dimension comple?mentaire de de?veloppement territorial est aussi souvent pre?sente.
Ces organisations rele?vent d'une pluralite? de statuts juridiques, commerciaux et non commerciaux, mais la forme associative est dominante. Plus structurellement, elles peuvent e?tre appre?hende?es comme autant d'entreprises sociales et correspondent largement a? la nouvelle de?finition des entreprises d'e?conomie sociale et solidaire pre?cise?e dans la loi de juillet 2014, alors me?me que beaucoup d'organisations ne s'en revendiquent pas explicitement.
Des valeurs communes de partage et de coope?ration sont constamment pre?sentes dans chaque regroupement. L'objectif concret premier porte ne?anmoins sur une mutualisation de moyens et de compe?tences, de manie?re a? mieux faire face aux forts ale?as de survie et de de?veloppement auxquels chacun est confronte?. Cette vise?e tre?s pragmatique se de?cline alors dans diffe?rentes formes de partage d'informations, d'expe?riences, d'opportunite?s et de moyens. La constitution d'une offre de nouveaux biens ou services, tant aux membres du regroupement qu'en direction d'acteurs externes, est une perspective re?currente, base?e sur le portefeuille de compe?tences rassemble?, mais qui n'est pas si simple a? re?aliser. Les emplois partage?s constituent aujourd'hui la modalite? de mutualisation la plus formellement aboutie.
Dans des environnements socioe?conomiques de tre?s grande incertitude, l'engagement de la plupart des membres porte d'abord sur des projets particuliers. Un engagement plus net et constant des dirigeants d'une dizaine d'organisations constitue ge?ne?ralement le noyau du regroupement et la ressource politique centrale de sa cellule d'animation et de coordination. Celle-ci joue un ro?le crucial dans la re?gulation, autant formelle qu'informelle, de l'ensemble coope?ratif et pour son de?veloppement.
La fragilite? des diffe?rentes organisations conduit a? des contributions financie?res des membres qui restent limite?es et, plus globalement, a? un e?quilibre budge?taire fragile du regroupement, toujours fortement de?pendant de fonds publics. Le double de?veloppement de l'activite? des membres et de la mise en commun de leurs ressources e?conomiques et financie?res est donc un enjeu de?cisif pour leur avenir.